I/ AVION, VIANDE, ARGENT : LES PLUS GROSSES CATAS DU CLIMAT

 

Si les données peuvent varier d’une étude à une autre, on retrouve très souvent les mêmes mauvais élèves sur le podium du dérèglement climatique : l’alimentation, le transport, et l’argent placé dans les banques.

Commençons par nos assiettes. On ne vous apprend sûrement pas que le régime carné est une bombe pour le climat : avec 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon la FAO[1], l’élevage est l’un des plus gros problèmes environnementaux. Entre la déforestation massive pour créer les pâturages et les cultures fourragères qui vont avec, l’énorme quantité d’eau nécessaire pour abreuver les animaux et faire pousser leur nourriture (plus de 15 000 litres d’eau pour 1 kg de viande bovine[2]), et les enjeux d’éthique animale, il serait judicieux de réduire, voire arrêter, la consommation de produits animaliers.

Comparatif de GES alimentaire – Bon Pote

Vient ensuite l’épineuse question des transports : si l’utilité des jets privés fait beaucoup parler à juste titre (coucou Bernard Arnault !), nos déplacements personnels ne sont pas à ignorer. En 2016, ce secteur a émis 13,41 giga tonnes de CO2, faisant de lui le 2e contributeur de gaz à effet de serre[4]. Pour vulgariser les différents comparatifs de déplacements, la voiture est le moyen de transport le plus polluant pour des courtes distances (aller-retour de 4km), et l’avion pour les distances plus importantes (aller-retour de 500km). Pour les trajets quotidiens, il serait donc préférable d’opter pour la marche, le vélo ou les transports en commun, et choisir le train pour les déplacements plus conséquents[5].

Comparatifs transports – Ademe

Last but not least, notre argent. Source de pollution très souvent insoupçonnée, nos économies ne dorment pas dans nos comptes en banque : elles sont investies à droite et à gauche par les banques elles-mêmes. Et par droite et à gauche, nous entendons dans les énergies fossiles. Depuis janvier 2020, c’est 100 milliards de dollars qui ont été injectés dans le charbon, le pétrole et le gaz[6]. Ainsi, indirectement et sans le savoir, on finance des projets qui sont très souvent en opposition avec nos valeurs.

Investissements des banques françaises dans les énergies fossiles – Bon Pote

Pour contrecarrer cela, plusieurs banques sont arrivées sur le marché, promettant de n’investir que dans des projets durables et responsables. Pour y voir plus clair, il existe un calculateur d’empreinte financière[7] ainsi que l’application Rift[8]  qui permettent de trouver la banque adaptée à nos besoins et nos envies.

Classement des banques françaises – Les Amis de la Terre

II/ REDUIRE SES EMISSIONS DE CO2, CERTES, MAIS LE RESTE ?

Jusqu’ici, on a beaucoup parlé de CO2. En effet, la plupart des comparatifs d’impacts se basent sur l’émission des gaz à effet de serre tels que le méthane, le dioxyde de carbone ou le protoxyde d’azote. Il est vrai que la présence anormalement importante de ces derniers est un désastre : s’ils sont essentiels pour retenir une partie de la chaleur du Soleil sur Terre (auquel cas il ferait genre -18°, ce qui ne serait pas des plus agréables), en trop grosse quantité il fait logiquement de plus en plus chaud. Et si 1 ou 2 degrés peuvent paraître anecdotiques dans une pièce, à l’échelle de la planète ce n’est vraiment pas rien.

Hypothèses des conséquences du dérèglement climatique à +1,5 et +2° – Ecotoxicologie

On comprend mieux pourquoi on insiste tant sur ces émissions-ci. Cependant, il existe d’autres sources de pollution importantes qui ne sont pas prises en compte dans les calculs : les associations Zero Waste et ACR+ ont notamment publié un rapport[9] dans lequel elles exposent la nécessité de prendre en considération la pollution des déchets dans leur intégralité. Dans la plupart des calculateurs, on ne compte que la quantité de méthane émise par les décharges (soit 3% de GES), ce qui ne semble pas conséquent. Mais si l’on considère l’intégralité du parcours d’un déchet, soit son transport (très souvent vers des pays plus précaires qui plus est), son hypothétique enfouissement ou incinération, son long temps de dégradation dans la nature (et toutes les particules qu’il répand au passage), et le gaspillage alimentaire qu’il peut représenter, le déchet impacte davantage.

Pollution jetable – Daniel Müller

Ainsi, s’il est effectivement important de ne pas focaliser uniquement sur le fait d’acheter son riz en vrac au détriment de toute autre action, il est aussi essentiel de ne pas négliger l’impact positif que peut constituer la réduction des déchets.

III/ LE ZERO DECHET COMME MESSAGE PLUTOT QUE COMME ULTIME SOLUTION

Alors certes, le zéro déchet ne sauvera pas le monde. Comme beaucoup d’autres actions prises isolément par ailleurs. En revanche, le zéro-déchet a l’avantage d’agir comme un message auprès de son entourage : que ce soit auprès de membres de notre famille ou d’autres proches, les rendre témoins de notre dentifrice solide ou de nos culottes menstruelles peut être une première porte d’entrée vers l’écologie pour eux. De plus, c’est assez agréable d’avoir un quotidien raccord avec nos valeurs : on donne de l’argent à des entreprises dans lesquelles on croit, on utilise chaque jour des produits de qualité, et on se prépare petit à petit au monde de demain. Certes, on n’est pas à l’abri du greenwhasing qui s’est emparé de nos consciences pour faire du business (cf notre article sur le sujet[10]), certes il n’est (vraiment) pas nécessaire de se rendre malade si l’on ne rentre pas tout nos déchets de l’année dans un bocal en verre, et certes il est important de contrebalancer nos actions en fonction de leurs échelles histoire de ne pas s’épuiser inutilement au mauvais endroit. Donc oui, le zéro déchet est une manière de lutter parmi d’autres, et c’est dans l’addition de toutes ces formes de combat que l’on peut avoir une chance de ne pas (trop) cramer 😊.

 

 

SOURCES

[1] https://www.fao.org/3/a0701e/a0701e00.htm

[2] https://waterfootprint.org/en/

[3] https://bonpote.com/les-ordres-de-grandeur-bon-pote-2021/

[4] https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/pollution-transport-co2-part-emissions-1017/

[5] https://www.consoglobe.com/les-14-modes-de-transport-les-moins-polluants-cg

[6] https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/banques-des-engagements-climat-a-prendre-au-4eme-degre/

[7] https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/calculez-lempreinte-carbone-de-votre-compte-bancaire/

[8] https://riftapp.fr/

[9] https://www.zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2015/10/Dossier-FR.pdf

[10] https://manamani.com/guide-anti-greenwashing/

Article écrit par Celia Laignel