I/ COMMENT CA MON STEAK COUPE DES ARBRES ?!

On est d’accord, c’est assez rare de croiser un beefsteak avec une hache. En revanche, l’élevage intensif, notamment des bovins, a une responsabilité dans la destruction des forêts. Comment se fait-ce ? Et bien tout simplement parce qu’élever des animaux pour notre propre consommation demande de les loger et de les nourrir. Ainsi, c’est l’équivalent d’un terrain de football de forêt Amazonienne qui disparait toutes les 2 secondes[1], laissant place à des cultures de soja destinées majoritairement au bétail. Loin devant l’industrie minière ou le commerce de bois lui-même, l’agriculture est responsable de 63 à 88% de la déforestation[2].

Il en va de même pour la consommation d’eau : s’il faut 1 300 litres pour produire 1kg de céréales (afin de les arroser), ce seront 15 500 litres qui seront nécessaires pour obtenir 1kg de bœuf[3] (pour arroser les céréales qu’ils mangeront ET pour les abreuver eux-mêmes). On en profite pour débunker une idée bien trop reçue : non, le soja importé n’est pas celui que consomment les fans de tofu. Ce dernier est sans OGM et cultivé en Europe, voire en France où il pousse très bien en Bourgogne et dans le Sud-Ouest (nos régions ont du talent).

© 24.11.2015 – Greenpeace

II/ ETHIQUE, ANTISPECISME, MOTS COMPTE TRIPLE ?

On ne pouvait décemment pas aborder le sujet de l’alimentation carnée sans se pencher sur la question de l’exploitation, et à fortiori de la souffrance. Sujet sensible où l’on est pour beaucoup à logiquement préférer le déni afin de protéger nos habitudes et notre sensibilité. Le marketing l’a d’ailleurs bien compris : que ce soit sur les packagings des produits ou dans la publicité, tout est fait pour ignorer le lien entre production intensive et cruauté.

Si l’on peut se demander s’il existe une manière éthique d’élever et d’abattre des animaux, force est de constater que l’augmentation de la demande a entrainé la diminution de leur qualité de vie : enclos plus que restreints (l’équivalent d’une feuille A4 pour un poulet[3]), étourdissements mal ou non effectués à l’abattoir, mutilations, BREF les scandales ont fait la une.

Certaines associations ont par ailleurs rajouté l’antispécisme, soit le fait de ne pas avoir de considérations différentes suivant les espèces, dans la question. Cet acquis social explique par exemple pourquoi nous sommes doux envers les animaux de compagnie, et froids avec les animaux de la ferme. Fun fact, ces distinctions peuvent varier selon les cultures : ainsi, nos animaux de compagnie peuvent être les animaux de consommation ailleurs, et vice-versa!

© Radio France – Adrien Beria

III/ UN ELEMENT CONSTITUTIF DE NOTRE ALIMENTATION ?

On peut être dans l’appréhension, voire dans la réticence, quant à la diminution ou l’arrêt des produits animaliers vis-à-vis de notre santé : peur d’être malade, d’être plus faible ou carencé. Pourtant, si l’alimentation est variée et complète, il n’y a pas de risque à végétaliser son alimentation : il est tout à fait possible de retrouver protéines et vitamines nécessaires au bon fonctionnement de notre corps selon l’OMS[4].

En revanche, une alimentation trop riche en viande, notamment rouge et grasse, a été classée cancérogène par le Centre Bernard Léon[5] et accentue les risques de maladies cardiovasculaires selon l’Institut de cardiologie de Montréal[6] (pour ne citer qu’eux). Ainsi, c’est davantage sur les apports nutritionnels qu’il faudrait se focaliser plutôt que sur les aliments en tant que tel.

Quant à la vitamine B12, il est vrai que les personnes adoptant un régime végétarien ou végétalien sont invitées à se complémenter. Mais une alimentation omnivore ne prévient pas nécessairement d’une carence ! En définitive, qu’importe votre alimentation, l’important est de faire des bilans de santé régulièrement et de varier ses assiettes au maximum. Et si cela peut vous rassurez, Lewis Hamilton et Serena Williams sont vegans, et de notre côté on ne les trouve pas si faibles que ça 😉

IV/ UNE REALITE PAS TOUJOURS FACILE A APPLIQUER

Oui, les études et rapports de ces dernières années nous invitent à baisser notre consommation de viande, tant sur le point écologique, éthique que sanitaire. Alors, pourquoi est-ce si difficile de le faire ?

D’abord, parce que l’on a derrière nous des années et des années d’habitudes : il n’est pas aisé de repenser sa manière de fonctionner, notamment lorsque c’est une activité que l’on fait si régulièrement. Trouver des nouvelles recettes, acheter de nouveaux ingrédients, avoir des réflexes différents peut prendre du temps et de l’énergie, et nous ne sommes pas égaux face à cela.

De plus, l’alimentation est un fait social on ne peut plus central : elle rassemble lors des repas, elle se célèbre lors des fêtes, elle ritualise les journées, et il peut s’avérer compliquer de ne plus partager la même avec ses proches. Enfin, les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaires peuvent éprouver des difficultés à changer leur alimentation, au risque de se focaliser encore davantage sur elle.

Et pour toutes ces raisons, c’est évidemment ok de ne pas y arriver ni du jour au lendemain, ni forcément totalement. L’idée est plutôt que chaque repas végétarien ou végétalien est un pas de géant, à chacun et chacune de mettre un pied devant l’autre autant que faire se peut, et gaiement !

Infographie © C.D, Futura, d’après Scarborough, P., Appleby, P.N., Mizdrak, A. et al. Climatic Change (2014)

Infographie © C.D, Futura, d’après Peters, C.J. et al., Elem Sci Anth (2016) 

SOURCES

[1] https://www.greenpeace.fr/deforestation/?codespec=7013V000000LMeN&utm_medium=grant&gclid=Cj0KCQiA4aacBhCUARIsAI55maFQkJoqu3d1ni-fFkOqA2exioFZsnRnbs-emits3ix35jjDCxI2dmAaAqqDEALw_wcB

[2] https://www.fao.org/newsroom/detail/cop26-agricultural-expansion-drives-almost-90-percent-of-global-deforestation/fr

[3] https://waterfootprint.org/en/

[4] https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-un-poulet-il-vit-sur-une-surface-d-une-feuille-a4-il-faut-arreter-ca_4977393.html

[5] https://apps.who.int/iris/handle/10665/349086

[6] https://www.cancer-environnement.fr/fiches/publications-du-circ/monographies-vol-114-cancerogenicite-consommation-viande-rouge-et-viande-transformee/

[7] https://observatoireprevention.org/2016/12/30/vegetarisme-et-maladies-cardiovasculaires/

Article écrit par Celia Laignel