Nous avons rencontré récemment des blogueuses zéro déchet, Claire et Camille. Ce sont deux sœurs toulousaines engagées dans un mode de vie zéro-déchet. Elles ont un blog dans lequel elles partagent réflexions et astuces pour passer le pas : C.l’airdutemps. Nous avons aimé la qualité de leurs contenus d’abord et la simplicité de leur démarche. Nous avons eu envie de vous présenter ces blogueuses zéro déchet et vous partager leur engagement et leur travail.

Claire, Camille, un grand merci de répondre à nos questions. Vous décrivez bien qui vous êtes et pourquoi vous vous engagez pour demain dans votre blog déjà. Nul besoin de se répéter. Et si nous allions un peu plus loin ensemble?

Vous faites quoi dans la vie? Qu’est-ce qui vous anime?

Camille : je suis gestionnaire au sein de la Sécurité Sociale ; ce qui me définit en partie car c’est par définition un travail social, tourné vers l’autre. A côté, je suis très créative : je mène pas mal de projets (plutôt personnels du coup) de réalisation en couture, mais aussi rénovation de meubles pour chez moi. J’aime cuisiner également. On aime beaucoup chiner aussi, alors notre temps libre c’est aussi souvent brocantes ou Emmaüs. Finalement, les journées sont rapidement bien remplies.

Claire : Côté pro, architecte de formation, j’exerce depuis bientôt 8 ans en libéral essentiellement en rénovation/extension de bâtis existants sur Toulouse. Mais, pour diverses raisons, je suis en pleine reconversion professionnelle ! La motivation principale ? La volonté de mettre mon activité professionnelle au diapason de mes convictions personnelles. Coté perso, je suis en couple et maman d’une petite fille de 4 ans, je suis également engagée au niveau de l’association Zero Waste Toulouse et au sein de la Commission Education et Développement Durable à l’école de ma fille. J’adore le yoga que je pratique depuis 5 ans maintenant mais j’aimerais pouvoir y consacrer plus de temps : comme dit Camille les journées sont toujours trop bien remplies !

Where do you call “home”?

Sans grande hésitation, nous dirions nos proches. Ce n’est effectivement pas un lieu, mais nous sommes bien dans chaque endroit où nous allons ensemble : la Bretagne terre maternelle, lors d’escapades à droite et à gauche, chez nos parents bien sûr mais aussi maintenant chez nos sœurs (nous sommes 4 en tout). Nous saisissons chaque possibilité d’être en famille que ça soit pour un café ou les vacances. C’est auprès d’eux que nous nous ressourçons et ils nous inspirent chaque jour pour avancer vers demain, en nous soutenons dans nos projets respectifs et communs.

Quels ont été vos déclics et vos premiers gestes? Seules ou en couple?

Courses en vrac Camille : je vivais effectivement déjà le zéro-déchet avant de rencontrer mon compagnon. J’ai commencé par le laisser observer ce que ce mode de vie implique ; et de mon côté j’ai observé comment il vivait. Après il n’était pas déjà quelqu’un d’ultra consumériste. Cette façon de vivre lui plait et il l’adopte chaque jour un peu plus. C’est par la cosmétique que je l’ai initié en premier, puis les courses au marché et ainsi de suite, on déroule la pelote, petit à petit. L’envie est là, donc le reste suit.

Claire : le déclic personnel a été la maternité. Tomber enceinte il y a 4 ans a eu sur moi l’effet déclencheur : je me suis interrogée sur ce que je mangeais, ce que je mettais sur mon corps car j’étais responsable de la santé d’un autre être que moi-même. Avec mon compagnon, nous étions ensemble depuis un moment et c’est effectivement moi qui ai été le moteur des changements mis en place dans nos modes de vie. Néanmoins, quand bien même c’était à mon initiative, il a suivi le mouvement. Et d’une situation subie, c’est aujourd’hui lui qui explique, avec fierté, le compost et la taille de nos poubelles 😉

Selon vous, pourquoi cette envie de changer nos modes de vie vient-il souvent des femmes?

Blogueuses zéro déchet
Camille et Claire : deux blogueuses zéro déchet

Camille : j’ai un doute sur le fait que cela vienne majoritairement d’une initiative féminine. Je pense peut être que les femmes qui vivent de cette manière le verbalisent plus ; elles ont plus besoin d’échanger sur le sujet. Après, même si je pense que les mœurs ont changé, je pense que les femmes restent un moteur d’innovation dans la maison, c’est pour ça qu’elles initient peut être plus le mouvement, les hommes l’adoptent et s’impliquent ensuite.

Claire : effectivement sur nos réseaux sociaux la population féminine est surreprésentée par rapport aux hommes (95% / 5%). Je ne sais pas dire si cela représente justement la réalité. Car, même si la société a évoluée, les tâches ménagères sont encore le plus souvent gérées par les femmes, d’où, comme le dit, Camille, le fait qu’elles initient le changement dans la majorité des cas.

Quelles résistances ont été les plus fortes à lever?

Camille : trouver une façon de faire mes courses au même endroit, ou en tout cas, de pas avoir 10 magasins à faire pour trouver ce dont j’ai besoin. Établir une routine qui fonctionne avec nos emplois du temps quotidien est la clé. Sinon ce mode de vie devient subi et contraignant, et par conséquent impossible à pérenniser.

Claire : l’envie de tout changer en même temps a été pour moi le plus difficile à gérer. Une fois que la conscience était là, j’ai eu envie de tout changer du jour au lendemain – alors que c’est tout le contraire de ce que nous préconisons à ceux qui veulent se lancer ! Un changement a besoin de temps pour devenir un réflexe et c’est important de s’accorder ce temps au risque de faire un « burn out » du zéro déchet

Est-ce que, vous aussi, vous parlez poubelle à vos dîners?

Sac poubelleCamille : oui – mais pas que ! Les repas sont des moments d’échange ; pour moi, principalement les repas au travail qui sont l’occasion d’échanger.

Claire : cela dépend avec qui on dîne mais, oui, je dois avouer que les sujets dérivent souvent sur comment modifier la société pour la rendre plus éco-responsable & durable. Evidemment, nous n’avons pas LA solution mais c’est aussi l’occasion d’échanger nos points de vue qui sont multiples car chacun à une vision personnelle de la société.

Comment convaincre d’agir? Comment aider à passer d’une compréhension du problème ou une culpabilité au premier acte?

Camille : je pense qu’il faut montrer que c’est possible. J’ai remarqué que la première réaction aux explications sur ce mode de vie est souvent « ah non mais impossible, je sais pas comment tu fais, j’y arriverai jamais ». En montrant un exemple que c’est totalement possible à notre façon, nous apportons la preuve qu’on peut très bien vivre en consommant moins et surtout sortir du cliché de la vie en autarcie dans une yourte à la montagne.

Claire : parler et parler encore, montrer la preuve par l’exemple encore et encore, c’est ainsi que les consciences se déclenchent selon les observations que nous faisons à l’échelle de notre communauté, de notre entourage. Le discours n’est jamais intégré la première fois, il faut partager encore et toujours le message avec bienveillance et optimisme

Et votre blog, combien de temps y passez-vous quotidiennement?

Camille : je confesse, je ne suis pas tous les jours dessus – mais quotidiennement je collecte des idées pour l’alimenter. C’est Claire qui gère la com’ quotidienne [merci]. Je m’y mets plutôt un gros moment dans la semaine pour les articles mais aussi en rendez-vous toutes les deux pour se fixer un planning des sujets à aborder à venir.

Claire : cette aventure entre sœurs a très certainement renforcé nos liens de complicité dans les valeurs partagées. On interagit comme au sein d’une micro société démocratique : nous ne sommes pas toujours d’accord mais l’échange nous permet de trouver un terrain d’entente et nous construisons ensemble la ligne éditoriale du Blog et c’est passionnant

Comment bien concilier un blog avec une activité professionnelle?

Camille : c’est du boulot de tenir un blog ; surtout de le maintenir au fur et à mesure que la communauté grandit. Pour ma part, c’est essentiellement sur mon temps libre donc le soir ou les week-ends (vive les horaires de bureau) – ce qui ne correspond pas toujours au besoin de réaction instantanée à avoir quant aux demandes de contact par mail ou via les réseaux. Du coup, on se complète car Claire est un peu plus disponible en journée.

Claire : Etant en libéral, il est évident que je suis plus libre de prendre le temps en journée pour interagir avec la communauté, répondre aux mails ou avancer sur les articles : je dirais que je peux y passer jusqu’à 3h par jour

Et en faire une activité professionnelle? L’envisageriez-vous?

Camille : pour ma part, il n’en a jamais été question et je ne l’envisage pas. J’aime faire ça en parallèle de mon travail. De plus, je m’investis au sein de mon entreprise dans des activités avec le service Développement Durable. J’aime la complémentarité entre les deux. J’aime l’objectif du blog mais je ne suis pas très connectée ^^ : les réseaux sociaux ont encore beaucoup de mystères pour moi.

Claire : ah ah ah c’est la question du moment. Je suis actuellement en plein bilan de compétences, mon futur projet pro s’esquisse peu à peu, j’y verrai plus clair dans quelques mois. Je n’ai pas en tête de faire du Blog une activité professionnelle en tant que telle mais il est évident que les compétences acquises sur les sujets que nous abordons au quotidien, me permettent aujourd’hui une expertise que je souhaite exploiter dans mon futur projet professionnel.

Qu’avez-vous aimé chez ManaMani ?

Kit cotons démaquillants lavables
Kit cotons démaquillants lavables
Camille : j’aime le concept : proposer un ensemble de produits « de base » pour se lancer dans le ZD. Le plus selon moi ? L’ancrage local et éthique des produits.

Claire : les fondateurs ! Non blague à part, je pense que l’éthique portée par les fondateurs d’une marque définit la qualité des produits et la valeur de l’entreprise. J’ai donc eu plaisir à échanger avec vous, à découvrir la justesse de votre projet et de fait, la praticité et la beauté de vos produits qui sont parfaitement adaptés au quotidien zéro déchet.

Quels produits conseilleriez-vous à une femme qui souhaite s’y mettre? Et à un homme?

Kit essuie-tout lavables
Kit essuie-tout lavables

Camille : pour une femme, je dirai sans hésiter le kit démaquillant : le côté distributeur est vraiment très sympa et facilite une transition douce. C’est un cadeau que j’offrirai avec plaisir. Pour un homme, un kit essuie-tout pour abandonner le traditionnel « Sopalin ».

Claire : par équité je vais répondre pour l’homme et la femme : je trouve le kit essuie-tout est complètement adapté à la transition pour un changement des pratiques. En effet, il est tellement pratique, qu’on peut facilement convaincre les utilisateurs de se dispenser de papier absorbant !

Quelles sont vos attentes dans le mode de consommation de demain?

Camille : j’aimerais voir un monde où chaque geste d’achat est réfléchi. Je n’attends rien des politiques : je sais que les changements viendront de nous – j’en suis convaincue. Je pense que l’Entreprise est aussi le terreau de changement. A son échelle, elle est une mini-société dans laquelle des changements importants peuvent être initiés.

Claire : malgré l’optimisme que nous insufflons sur nos réseaux – car nous sommes convaincues que c’est seulement ainsi qu’on peut convaincre – je suis parfois inquiète de l’avenir qui nous attend et qui attend nos enfants. La communauté scientifique est unanime : la société de consommation, du tout pétrole, et du tout jetable est incompatible avec un avenir durable pour l’ensemble du vivant. Je pense donc que nous assurerons notre avenir qu’en pensant local, durable, résilience et surtout partage. Le partage des savoirs et des compétences est un des enjeux majeurs des années à venir.

Un grand merci à nos deux blogueuses zéro déchet Camille et Claire pour votre enthousiasme, votre engagement et votre temps dans ces échanges.

Article écrit par Timothée

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